02. Né en 1917 à Leidenstadt
« Si j’étais né en 17, à Leidenstadt. Sur les ruines d’un champ de bataille. Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens ? Si j’avais été allemand. »
Au travers de ce titre emblématique des années 1990, Jean-Jacques Goldman interrogeait l’étendue de son libre arbitre en posant la question suivante : quelle attitude aurait-il adoptée s’il était né en 1917, dans un contexte d’entre-deux-guerres allemand ? Aurait-il été meilleur ou pire que ceux qui contribuèrent alors au national-socialisme ? Rien n’est moins sûr, concède aujourd’hui l’auteur français de confession juive, car nous sommes le reflet d’un contexte historique, humain et culturel que l’on ne choisit généralement pas.
Subjectivité de la morale
Est-il moral ou non d’être un nazi ? « Bien sûr que non », la réponse nous semble évidente. Mais elle ne l’était pas pour un Allemand des années 1930, car il n’existe aucune référence objective en matière de moralité. Le Bien, le Mal ou la Justice sont des concepts qui n’existent pas dans la nature. Un lion n’est pas un héros ni un bourreau lorsqu’il dévore un pauvre faon agonisant. C’est nous qui inventons ces notions au gré de nos envies, en fonction de notre propre référentiel. Elles ne sont pas innées. Nous les avons acquises dans le cadre d’un processus éducatif long de plusieurs années. Ce que Jean-Jacques Goldman essaie donc de nous dire, c’est que l’homme est le reflet d’un contexte qui le dépasse.
Nous pourrions à cet égard nous demander quel genre de djihadiste nous serions, si nous étions nés dans un milieu radicalement musulman. Et quel genre de racaille nous serions si nous avions grandi dans une banlieue gangrenée par le rap, au milieu des dealers et des leaders de gauche qui tiennent le peuple de France pour responsable de tous nos maux. Nous n’aurions dans ce cas été probablement ni meilleurs ni pires que d’autres ne le sont aujourd’hui à notre place, car l’homme ne décide pas de ce qui le façonne. Il est le reflet d’un héritage historique, culturel et identitaire dont il ne peut être tenu pour responsable. Il se conforme à ce que son entourage tient pour vrai, car telle est sa nature et nous n’y pouvons rien.
Ce chapitre est extrait d’un ouvrage intitulé 01-Tradition : Echapper à la catastrophe sociale, écologique et migratoire.
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