04. Le charisme bienveillant

Depuis la nuit des temps, nos instincts de survie nous ont poussés à la rivalité. Ils nous ont opposés les uns aux autres, parce que les ressources dont notre planète dispose sont la plupart du temps limitées, et réservées de ce fait à ceux qui n’ont pas peur de déposséder leurs concurrents. L’éternelle compétition qui résulte de cet état a insufflé de nombreux traits caractériels aux membres de notre espèce, tels que l’égoïsme qui n’est autre que le besoin de privilégier sa propre survie au détriment des autres.

L’altruisme et l’égoïsme

Le problème, c’est que cette appétence nous prive de la plus grande des richesses qui soit, à savoir la coopération. Elle incite les gens à mentir et faire preuve de mauvaise foi. Elle incite les gens à tromper. Elle s’oppose de fait au développement de notre intelligence sociale qui présume que nous sommes sincères les uns vis-à-vis des autres.

Afin de nous prémunir du mensonge, nous avons appris à juger les intentions de ceux qui nous influencent. Nous sommes devenus inconsciemment sensibles à l’altruisme ainsi qu’à la bienveillance de ceux qui nous informent. Nous avons par conséquent ressenti le besoin d’être aimés avant de faire confiance. Ce besoin s’est inscrit dans notre code génétique.

Sous son influence, nous avons pris nos propres parents comme modèle et référence lorsque nous étions des enfants, et pourtant, ceux-ci n’étaient pas toujours de grands philosophes, sauf pour les plus chanceux d’entre nous. Ils n’étaient pas non plus de formidables entrepreneurs. Qu’importe. Nous n’avons pas cherché chez eux de signes de réussite sociale particulière. Nous prenions leur parole au sérieux pour nulle autre raison que sa sincérité : ils n’avaient à notre encontre aucune arrière-pensée malsaine ni aucun souhait de nous tromper. La relation qui nous liait à eux n’était qu’amour. C’est pourquoi nos parents nous fascinaient, et nous tenions pour vrai presque tout ce qu’ils affirmaient.

Ce n’est finalement qu’à l’adolescence que nous avons appris à nous défaire de leur influence. C’est naturel. Mais nous sommes cependant restés sensibles au charisme de ceux qui, comme eux, se comportent de manière apparemment bienveillante. L’histoire regorge de leaders politiques et religieux dont l’influence est basée sur ce sentiment. Ce fut le cas de Gandhi, ce petit homme d’apparence simple et austère qui inspirait la confiance de son peuple. Certains prétendent parfois que l’altruisme et la bienveillance de ce personnage n’étaient qu’apparat. C’est peut-être vrai. Je n’en sais rien. Tout ce qui compte, si l’on veut comprendre l’influence de ce personnage, n’est autre que l’apparence qu’il a su donner de lui : celle d’un petit père amoureux de son peuple, comme en témoigne son surnom indien « Bapu ».

Autre exemple intéressant et plus proche de nous : le christianisme européen, qui doit son succès à l’exemplaire sincérité de ses fondateurs. Ceux-ci ne réclamaient rien, ni richesse ni gloire. Ils faisaient généralement vœu de chasteté et de pauvreté, ce qui démontrait leur désintérêt total pour les choses matérielles. Ils assumaient généralement leur foi au péril de leur vie, et n’avaient pas d’autres ambitions que de servir ce qu’ils pensaient être la Vérité. C’est pourquoi ceux-ci semblaient convaincants, au point de transformer durablement notre civilisation.

Ce chapitre est extrait d’un ouvrage intitulé 01-Tradition : Echapper à la catastrophe sociale, écologique et migratoire.

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