05. Effets de mode et individualisme
« Imagine qu’il n’y ait plus de nations, plus de vies sacrifiées pour elles, et plus de religion non plus, imagine alors l’humanité vivre en paix. »
C’est en 1971 que le fameux titre de John Lennon Imagine fut diffusé pour la première fois sur les ondes. Son retentissement fut immense dans un contexte de révolution idéologique globale en faveur de l’individualisme, un bouleversement qui s’explique au moins en partie par le souvenir encore récent des deux guerres mondiales. On croyait alors utile de se défaire de nos vieux déterminismes, en particulier lorsque ceux-ci étaient nationaux ou religieux, car, pensait-on, l’individu déconstruit ne trouverait plus d’intérêt à la guerre.
L’illusion anticonformiste
Il est de ce fait peu surprenant que la plupart des mouvements culturels post-1945 se soient revendiqués tous ou presque de l’individualisme, ainsi que de l’anticonformisme qui lui est consubstantiel. Les cultures hippie, punk, rasta, rock ou rap n’ont cependant privé l’homme de ses anciens déterminismes que pour lui en offrir d’autres en remplacement. C’était inévitable, car il est impossible d’émanciper l’humanité de sa véritable nature. Les mouvances d’après-guerre se sont donc contentées d’inventer de nouveaux codes culturels, identitaires, vestimentaires, expressifs et comportementaux, auxquels nous nous sommes conformés.
Et puis l’on s’en est lassés, car ces cultures n’étaient en réalité qu’un prétexte pour nous vendre des produits de consommation : des vêtements, des artistes, des films et tant d’autres choses. Notre soif naturelle de matière intellectuelle ne pouvait pas s’en satisfaire longtemps, et pour combler le vide que cet abandon provoquait, nous nous sommes rapidement jetés sur d’autres effets de mode… jusqu’à ce qu’enfin nous nous en lassions. Telle est l’histoire de l’Occident déraciné depuis le début des années 1950 : notre peuple navigue d’une culture à l’autre, sans parvenir à se satisfaire durablement de l’une d’entre elles.
Il résulte de cet état beaucoup de confusion mentale. L’individu moderne ne sait plus à quoi s’identifier. Il n’a aucun repère solide. Il ignore qui il est, et se cherche éperdument d’autres vérités, de nouveaux effets de mode, d’autres normes et d’autres croyances. On ne sera donc pas surpris si les Occidentaux s’empressent aujourd’hui de croire tout le contraire de ce qu’ils pensaient encore hier. Favorables à toutes les libertés d’expression avant de finalement s’y opposer. Défavorables au nucléaire jusqu’à ce que cette énergie leur semble être nécessaire. Amoureux de la paix, et finalement enclins à l’entrée en guerre de leur pays. De droite et de gauche avant de finalement voter au centre, au gré des injonctions médiatiques.
Au fond, l’individu moderne n’a jamais été plus conformiste que depuis qu’il s’est convaincu qu’il ne l’était plus. Les faiseurs de mode sont devenus nos maîtres à penser. Les communicants sont devenus nos prophètes. Leur influence est garantie par l’idéologie progressiste : celle du déracinement total. Celle de la déconstruction permanente, qui condamne notre peuple à l’indétermination et à la confusion perpétuelle. Afin d’exploiter nos faiblesses, le Système s’est doté de toute une armée d’experts et de communicants professionnels dont la spécialité n’est autre que de créer l’adhésion des masses, au gré des besoins d’un instant, à telle ou telle idée passagère. Ces gens savent comment convaincre notre population d’agir, de voter, de penser et de consommer d’une certaine façon. Ils possèdent de ce fait un pouvoir qui surpasse toutes les autres formes d’autorité, sans toutefois jamais se soumettre aux règles de la démocratie.
Ce chapitre est extrait d’un ouvrage intitulé 01-Tradition : Echapper à la catastrophe sociale, écologique et migratoire.
Commander cet ouvrage sur 01-tradition.fr ou sur Amazon.